TINY LEGS TIM: Melodium Rag (2017)
Cet artiste belge a choisi la voie difficile du blues acoustique en « finger picking », avec et sans slide. Sans atteindre la virtuosité de Big Bill Broonzy, il délivre toutefois une musique authentique et rafraîchissante. Sa voix passe très bien et ne sonne pas « européenne » (un atout majeur). Accompagné d’un harmoniciste, il s’aventure sur le territoire du Delta blues (« Religions serve the devil well ») et du country- blues (« Hard to admit », « Little bit of lovin’ »). Tim reprend de très belle manière « Death letter » de Son House et gratte un bon blues/shuffle dans l’esprit de John Lee Hooker (« Happiest man in town »). Il fait aussi preuve d’un bon style en fingerpicking sur deux très beaux instrumentaux, « Melodium rag » (un blues/ragtime) et « Victory » (un country-blues). Á l’époque des basses poussées à fond, des batteries qui cognent et des sonos hurlantes, la démarche de Tiny Legs Tim peut paraître étonnante et même dépassée. Néanmoins, avec cet album très sympathique, il retourne directement aux sources du blues, ce blues rural d’avant l’électricité qui pouvait se jouer partout et n’importe où. La vie moderne, c’est bien beau. Mais que feront les musiciens quand le courant sera devenu hors de prix ou que la Fée Électricité se sera définitivement barrée suite à un « blackout » monumental ? Eh bien, ils feront comme aux temps de leurs grands-parents et reprendront leurs bons vieux instruments acoustiques.
Olivier Aubry